Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 30/03/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BOZE Joseph


Ecole française

Autoportrait

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
MI 1056, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BOZE Joseph

TECHNIQUES :
Pastel sur papier bleu préparé avec une matière légèrement granuleuse puis marouflé sur toile tendue sur châssis. Le papier a été collé sur la toile après qu'elle eut été tendue sur le châssis. Signé et daté en bas à gauche : BOZE p.(ar) L.(ui)-même. Les mesures du cadre sont : H : 00,83 ; L : 00,705 et profondeur : 00,011. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien des American Friends of the Louvre en 2014.
Forme : ovale
H. 00,649m ; L. 00,541m

HISTORIQUE :
Victoire Boze, fille de l'artiste ; don au Louvre en 1866. Exposé au Salon de la Correspondance de 1782 (nov.) puis à celui de 1783 (fév.) et au Salon de 1791. Resté en possession de l'artiste, puis de son avant-dernière fille Victoire Ursule Madeleine (1785-1871), qui en fit don au musée du Louvre en 1866 (A.L., D 8 1866, 14 mai : lettre de Victoire Boze et remerciements du directeur le 24 mai). Restauré en 2012 (dépoussiérage de la toile de marouflage, consolidation des déchirures sur les bords et le papier de bordage).
Dernière provenance : Boze, Victoire Ursule M.
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1866


COMMENTAIRE :
Neil Jeffares confirme l'attribution à Joseph Boze et l'identification du modèle, comme Autoportrait, (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 74). La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien des American Friends of the Louvre en 2013. Gérard Fabre, Joseph Boze, 1745-1826, Portraitiste de l'Ancien Régime à la Restauration, Martigues, Musée Ziem, 18 novembre 2004 - 20 février 2005, Paris, Somogy, Martigues, Musée Ziem, 2004, cat. n° 7, p. 46-48, repr. Fils d'un patron pêcheur de Martigues, Joseph Boze fut formé au dessin à Marseille puis se fit une spécialité du portrait tant au pastel qu'en miniature. De 1770 à 1775, il s'installa à Alès avec sa jeune épouse protestante, apportant de l'aide à son beau-père horloger dont il décorait les montres. À Nîmes de 1776 à 1778, il travailla pour la clientèle locale. Autant dire que lorsqu'il décida de gagner Paris en 1778, c'était en total inconnu mais avec l'espoir d'être rapidement remarqué. Ainsi qu'il le révèle lui-même, il chercha en premier lieu à se faire connaître comme inventeur. Dans un mémoire rédigé vers 1785-1788 (Paris, archives du musée des Arts et Métiers, dossier Q 315), il indiquait : « Un danger imminent que j'ai couru dans mes voyages me donna l'idée d'une machine à dételer les chevaux en quelque nombre qu'ils puissent être. J'ignorais alors parfaitement qu'il en eût été fait plusieurs avant la mienne. Après avoir fait des expériences multipliées et avoir été bien assuré de la solidité et de la sûreté de mon invention, je vins à Paris en 1778 pour la donner au public... » Testé avec succès en juin 1780 à Passy en présence de l'académicien Jacques de Vaucanson, le mécanisme fut présenté lors de la séance du 12 août de l'Académie royale des sciences et jugé d'une grande ingéniosité. Fin avril 1782, Boze en faisait l'explication à la Société du Salon de la Correspondance créée par Pahin de La Blancherie. Le public était invité à une démonstration le 8 mai suivant. Fort de cette nouvelle renommée, l'artiste montrait aussitôt quelques miniatures aux expositions organisées par Pahin de La Blancherie à l'hôtel de Villayer, rue Saint-André-des-Arts. À la fin de l'année, il exposait pour la première fois son autoportrait peint au pastel. Le 27 novembre puis le 4 décembre 1782, les Nouvelles de la République des Lettres et des Arts (nos XXXIV et XXXV), bulletin du Salon de la Correspondance, témoignaient de l'accueil favorable des amateurs : « No 17 - Portrait de M. Boze par lui-même. Cet artiste s'annonça cet été par des miniatures d'un grand mérite, et il ne gagne pas moins à être connu dans un autre genre de peinture. On remarque dans son portrait une touche libre, de la fermeté, des effets de lumière, bien entendu, et des étoffes vraies. » En février 1783, l'œuvre était encore une fois montrée. Le 28, les Nouvelles de la République des Lettres et des Arts (no IX) révélaient que l'autoportrait avait été « redemandé ». Boze était parvenu à ses fins : se faire connaître par sa propre image et manifester ainsi son talent en se prenant pour modèle. Il ne s'agissait pas là d'un procédé nouveau. Maurice Quentin de La Tour l'avait avant lui éprouvé à plusieurs reprises au Salon de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Peut-être même le prince des pastellistes avait-il suggéré à son jeune confrère de recourir à son tour à ce stratagème. Les deux hommes s'étaient rencontrés dans des circonstances aujourd'hui inconnues mais qui avaient conduit l'aîné à faire preuve de sa bienveillance puisqu'il avait inscrit le 20 février 1784 le nom de Boze parmi les bénéficiaires de sa succession. Toujours resté en possession de l'artiste, qui le montra à nouveau au Salon de 1791, puis de sa fille Victoire, l'autoportrait défendait à merveille l'habileté de son auteur à saisir la ressemblance, ce que ses contemporains lui reconnurent rapidement, et à maîtriser les ombres et les lumières, mais davantage sur le visage, qui gagnait ainsi en relief, que sur les étoffes, dont les reflets moirés sont plus sommairement traités. À la suite de La Tour et peut-être encore sur ses conseils, l'artiste faisait aussi le choix de laisser sur le visage la touche visible et non fondue afin de renforcer l'intensité psychologique et de témoigner du caractère. Par son attitude et son expression presque hautaine, par sa volonté de clamer qu'il en était l'auteur en doublant son nom de la formule « par lui-même », l'autoportrait faisait entrer Joseph Boze dans le petit monde des artistes reconnus, non sans une certaine morgue (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazand, Paris, 2018, cat. 31, p. 82-84). Suite à la publication de Xavier Salmon (2018) lire : neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 31.

INDEX :
Collections : Boze, Joseph - Boze, Victoire
Personnes : Boze, Joseph
Sujets : Autoportrait - Salon de la Correspondance de 1782 - Salon de la Correspondance de 1783 - Salon de 1791
Techniques : papier bleu - pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 18, p. 83