Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
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GIORGIO D'ALEMAGNA


Ecole lombarde
vers 1410/1420-1479


BIOGRAPHIE :
Enlumineur et peintre. 'On ignore la date et le lieu de naissance de Giorgio d'Alemagna, un enlumineur qui compta, pendant la Renaissance, parmi les protagonistes du renouvellement du livre illustré à Ferrare, d'abord à l'époque de Lionello d'Este (1441-1450), puis à celle de son frère Borso (1450-1471). Son nom lui vient de son père, un certain Alberto d'Alemagna, et il naquit selon toute vraisemblance à Modène, qu'il quitta en 1441 pour aller travailler à Ferrare. Des documents y attestent sa présence continue au moins jusqu'en 1462, date à laquelle ses mérites artistiques lui valurent de devenir citoyen de la ville. Les seuls autres témoignages le concernant datent de 1473-1476, lorsqu'il travaillait aux enluminures des Choraux de la cathédrale de Modène, où il s'installa peut-être dès les années 1460 et où devait naître, et en tout cas vivre longtemps, son fils Martino da Modena, lui aussi enlumineur. Il mourut en 1479, l'année où un document relatif à la décoration des 'Choraux 'de l'église San Petronio de Bologne mentionne son fils comme « Martino quondam Georgi de Mutina ». Parmi ses œuvres les plus importantes signalées par des documents, il faut citer le 'Bréviaire de Lionello d'Este' (1441-1448), le 'Missel de Borso d'Este' (1449-1457, Modène, Biblioteca Estense Universitaria, ms. a.W.5.2=Lat. 239) et la 'Spagna in Rima' (1453, Ferrare, Biblioteca Comunale Ariostea, Ms. II 132) ; sur ordre du duc lui-même, il participa en 1458-1459 à l'illustration de la 'Bible de Borso d'Este', chef-d'œuvre de la miniature italienne de la Renaissance (Modène, Biblioteca Estense, Lat. 422 = ms. V.G. 12 ; Lat. 423 = V.G. 13), dont il décora le 22e cahier du premier volume, contenant les livres de Tobie et de Judith. Ces œuvres exécutées pour la cour, mais aussi les petits livres d'heures enluminés pour des familles de l'aristocratie, ou encore le 'Virgile' réalisé pour Leonardo Sanudo, représentant de la République de Venise à Ferrare (Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Lat. 7939 A), mettent en évidence le caractère expérimental du style de Giorgio : l'art du gothique tardif et la forte influence de Pisanello s'y associent à celle des œuvres réalisées à Padoue par Donatello et Mantegna, en un dialogue continuel avec les réalisations de Michele Pannonio et de Cosmè Tura, qui travaillaient dans les mêmes années aux Muses du « Studiolo » de Belfiore, pour aboutir à un langage, typique de l'école de Ferrare, caractérisé par une forte expressivité, une recherche formelle tourmentée, l'attention accordée aux matériaux précieux, et enrichi par des emprunts au naturalisme moderne de la peinture flamande. Giorgio collabora avec d'autres enlumineurs de la cour des Este, tels Taddeo Crivelli et Guglielmo Giraldi, et partageait avec eux une certaine conception, encore médiévale, de la maîtrise technique de l'artiste et de la recherche incessante d'ornementations fantaisistes. Il fut aussi peintre de petits objets, aujourd'hui perdus. Il peignit en 1452 un retable en plâtre représentant le Sauveur entouré d'anges et d'apôtres et colora quelques petits panneaux de bois dorés par « maistro Gossomè de maistro Domenego del Tura », destinés à former des cassettes contenant des rosaires et autres objets. Deux ans plus tard, il conçut les paraduri, emblèmes de Borso d'Este, devant servir de modèles à l'orfèvre Amadio da Milano. On dispose de peu de traces de son activité tardive à Modène, dans la mesure où les miniatures des Psautiers de la cathédrale sont attribuables à son fils Martino. Il nous reste en revanche ses illustrations de quelques initiales du 'Graduel du Propre des Saints' ayant appartenu aux bénédictins de l'église San Pietro de Modène (Monte Cassino, Abbaye, Choral de San Pietro de Modène, n. 13), que la critique date entre la fin des années 1460 et le début des années 1470. Leur style reste fidèle aux réalisations tardives de sa période ferraraise, où la confrontation avec Guglielmo Giraldi et Cosmè Tura le conduisit à une articulation plus mûre des figures et à une meilleure qualité d'intériorisation des expressions des visages'. - Federica Toniolo dans 'Les enluminures du Louvre, moyen âge et Renaissance', catalogue raisonné sous la direction scientifique de François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier, assistés de Laura Angelucci et Roberta Serra, Paris, 2011, p. 84.


SYNONYMES :
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