Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 03/12/2012 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

MAZEROLLES Phillipe de


Ecole française
Vers 1450/1467-Actif vers 1467/1479


BIOGRAPHIE :
'Philippe de Mazerolles est un peintre enlumineur d'origine française. Des documents attestent sa présence à Paris en 1454 lorsque Charles VII le rémunère pour un « tableau d'or », probablement un retable. Il migre en Flandre où il est installé en 1466, puisque Charles le Téméraire, qui n'était encore que comte de Charolais, le nomme valet de chambre au mois d'avril. Il est aussi membre de la confrérie Saint-Jean l'évangéliste des peintres et enlumineurs de Bruges de 1469 à 1479. Sa mort survient en 1479. [...] Le nom de l'artiste est associé à deux commandes ducales, l'une et l'autre de nature exceptionnelle, mais toutes deux sujettes à discussion. La première concerne un livre d'heures noir offert au Téméraire en 1466, repris pour être achevé en 1467, définitivement terminé en 1468, et qu'on identifie par défaut à un manuscrit de Vienne (Österreichische Nationalbibliothek, Cod. 1856). Ce dernier, exceptionnel par sa qualité, porte pourtant les armes ajoutées de Galeazzo Maria Sforza. L'autre commande documentée se rapporte à un lot de livres : les vingt et un exemplaires enluminés des ordonnances militaires. Le texte réformant l'organisation de l'armée avait été promulgué à Trèves en 1473. Charles le Téméraire fit réaliser, en 1475, des exemplaires luxueux pour en remettre un spécimen à chaque capitaine. À ce jour, six de ces ordonnances nous sont parvenues, dont l'exemplaire ducal, d'allure et de style différents (Londres, British Library, Add. ms. 36619). Il est un autre point important : Philippe de Mazerolles honore une dernière commande en 1479, mais pour Édouard IV, roi d'Angleterre. Il s'agit encore une fois d'un lot de manuscrits, laissant supposer un rôle de coordinateur. Les manuscrits d'Édouard IV en provenance de Flandre ont, en effet, requis de nombreux collaborateurs. D'un volume à l'autre les mains changent. [...] Les manuscrits présentent des miniatures de styles peu compatibles. Suivant que l'on privilégie les Heures noires de Vienne ou les ordonnances militaires - et, à l'intérieur de celles-ci, l'exemplaire ducal ou ceux des capitaines -, les conclusions divergent : on prête à Mazerolles l'oeuvre du Maître d'Antoine de Bourgogne (De Schryver, 1979 ; De Schryver, 1999, p. 50-67) ou celle du Maître du Fitzwilliam 268 (Hofmann M. et Nettekoven, 2004 ; Clark, 2006, p. 123-134). Pourtant, leurs oeuvres respectives ne dénotent aucune influence française et aucun d'eux ne participe à la décoration des manuscrits d'Édouard IV à laquelle collabore pourtant un bouquet d'artistes. Le seul à satisfaire à ces conditions est le Maître du Froissart de Philippe de Commynes (Hans-Collas et Schandel, 2009, p. 17-18, 174-176 ) (ou Master of Harley Froissart), désigné ainsi d'après un manuscrit conservé à Londres (British Library, Harley 4379-4380). Les manuscrits dont il exécute les miniatures présentent des bordures typiques que l'on retrouve dans cinq exemplaires des ordonnances militaires comme dans les manuscrits d'Édouard IV. Elles sont formellement, pour cette époque, déjà un peu périmées, mais elles valent d'abord pour les armoiries et les marques de propriété qui s'y multiplient. À l'inverse, le Livre d'heures noir de Vienne ne révèle rien, ni dans les miniatures ni dans le décor, qui puisse lui être attribué. Pour rattacher chaque document d'archives évoqué ci-dessus à des manuscrits présentant des traits stylistiques communs, il faut substituer au Livre d'heures noir de Vienne le bifeuillet noir du Louvre. Son examen et la distinction de deux mains, dont la seconde, « française », fournit, à la relecture des archives, deux faits nouveaux concomitants et majeurs : l'identification du Maître du Froissart de Philippe de Commynes à Philippe de Mazerolles et l'attribution de la commande à Charles le Téméraire - voir Pascal Schandel, dans 'Les enluminures du Louvre, moyen âge et Renaissance', catalogue raisonné sous la direction scientifique de François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier, assistés de Laura Angelucci et Roberta Serra, Paris, 2011, p. 294 (avec bibliographie antérieure).


SYNONYMES :
Maître du Froissart de Philippe de Commynes